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🔎 LA CONSTRUCTION DE SEPT BARRAGES PAR POWER CHINA (Rivière Nam Ou au Laos)

mercredi 28 avril 2021 Charlotte ELLIS

Dans cet essai, Charlotte Ellis (1) met en exergue les ambiguïtés de la construction d’infrastructures au Laos, « petit pays » mais avec un gros potentiel hydroélectrique, face à un « grand pays » (population respective : rapport de 1 à 191, de 1 à 751 pour le PIB en 2018). Pendant les 30 Glorieuses, les spécialistes avaient presque oublié la problématique de la taille. Cette dernière est aujourd’hui un élément déterminant (mais non exclusif), en particulier pour les pays neufs, de la puissance, du niveau de vulnérabilité, des potentialités d’économie d’échelle etc...
On lira en contrepoint dans l’article de C. Ellis, toute la stratégie régionale d’un grand pays peuplé et puissant avec une expertise technologique. Une entreprise publique étrangère (Power China) construit les barrages au Laos, en conservant l’exploitation pendant 29 ans, avant de la rendre au gouvernement du pays en question.
Si des infrastructures majeures (barrages, TGV...) peuvent détruire l’économie traditionnelle, elles ont aussi des effets de diffusion économique et sociale et réalisent un maillage territorial et stratégique (Birmanie, Thaïlande, Laos, Vietnam, Cambodge).
Un projet essentiel des nouvelles Routes de la soie dans l’Asie du Sud-Est

(1) Charlotte Ellis est étudiante à Grenoble Ecole de Management (GEM) et très investie sur le domaine de la géopolitique.

LA CONSTRUCTION DE SEPT BARRAGES PAR POWER CHINA sur la rivière Nam Ou au Laos

Le 29 novembre 2015 le premier barrage d’une série de sept est mis en service sur la rivière Nam Ou dans le Nord-Est du Laos par l’entreprise Power China [1]. Ces sept barrages viennent s’ajouter aux nombreux autres barrages construits par des firmes étrangères au Laos, pays que l’on surnomme la « batterie de l’Asie du Sud-Est » en raison de son immense potentiel hydroélectrique. La Chine figure en première place des investissements étrangers au Laos depuis 2014 (Dubus, 2015) dépassant la Thaïlande et le Vietnam et ne cesse de construire des infrastructures pour le développement du Laos, le pays le plus pauvre et le moins développé de l’Asie du Sud-Est. Or l’observation à l’échelle locale des conséquences sur l’environnement ou sur les populations locales d’un projet comme celui-ci montre bien que les impacts ne sont pas seulement positifs et que les tensions au sein de cette région, qui est aujourd’hui stratégique, se font ressentir. Le Laos se retrouve ici une nouvelle fois au milieu de l’échiquier des différentes puissances régionales qui sont en compétition pour son contrôle (Tan, 2011).

Cet essai tentera de répondre à la question suivante : quel est l’impact géopolitique de la construction par l’entreprise Power China de sept barrages sur le territoire de la rivière Nam Ou qui se situe dans le Nord-Est du Laos ?

On cherchera ici à mettre en lumière les différentes externalités, impacts et tensions du projet en adoptant une méthode géopolitique i.e. en étudiant les rivalités de pouvoir qui s’opèrent sur un territoire qui jouit d’une représentation (Lacoste, 2012), tout en adoptant une démarche multidisciplinaire et multiscalaire. Nous commencerons par présenter le projet et l’environnement dans lequel il évolue pour analyser ensuite les externalités du projet qui mènent à des tensions en terminant par la mise en lumière des différents enjeux.

Carte : la rivière Nam Ou dans une zone stratégique

L’essai traite de la construction d’un barrage au Laos par la Chine pour la Thaïlande. C’est la raison pour laquelle, poser le cadre géographique et politique ainsi que mentionner les acteurs incontournables, est ici primordiale avant de commencer toute analyse géopolitique.
La rivière Nam Ou prend sa source dans l’extrême Nord-Est du Laos à quatre kilomètres de la frontière chinoise dans le village de Ban Souanteng dans la province de Phongsaly. Elle coule du Nord vers le Sud-Ouest, fait 380 kilomètres de long et se jette dans le Mékong à Pak Ou, à 24 kilomètres au Nord de Luang Prabang (cf. carte en annexe). C’est un fleuve presque entièrement navigable. Le Nord du Laos est une région montagneuse avec d’importantes réserves forestières et minières qui a un gros potentiel hydroélectrique.
Le projet de construction de sept barrages sur la rivière commence en 2012 et a lieu en deux temps : Nam Ou I avec la construction des barrages 2, 5 et 6 (2012-2016) et Nam Ou II, accord signé le 31 août 2015 entre Xi Jinping et le Président lao Choummaly Sayasone, avec la construction des barrages 1, 3, 4 et 7 (2016-2020) [2]. Le projet complet devrait avoir une capacité de 1156 MW.

Les acteurs à prendre en compte sont nombreux mais les deux protagonistes incontournables sont Power China et le gouvernement lao. D’un côté, nous avons Power China qui est une entreprise publique chinoise de travaux publics et qui représente donc les intérêts du parti chinois. C’est la première compagnie chinoise à exploiter un bassin entier au Laos. De l’autre côté, nous avons le gouvernement lao qui représente 7,2 millions d’habitants (taux d’urbanisation de seulement 35,6% [3]). Le gouvernement lao accueille cet investissement avec enthousiasme, le ministre de l’énergie lao déclare que ces barrages permettront la réduction de la pauvreté au Laos et renforceront le développement socio-économique des provinces de Luang Prabang et de Phongsaly en augmentant les conditions de vie des résidents locaux. Le rapport de force entre les deux acteurs est de taille. Pour donner un ordre de grandeur, le coût total du projet est de $2,8 milliards alors que le PIB du Laos en 2016 est de $15,9 milliards (De Freitas, 2017). Il faut bien comprendre que le Laos est un des pays les plus pauvres d’Asie et n’a pas les moyens financiers de fournir ce type d’investissement ni les compétences techniques. Il s’agit ici d’un financement Build-Operate-Transfer (Lintner, 1994). Une entreprise étrangère construit le barrage et l’exploite un certain temps avant de le rendre au gouvernement du pays en question, ici Power China va pouvoir exploiter les barrages pendant 29 ans.

Les impacts sur le territoire sont nombreux et peuvent avoir des externalités positives ou négatives.

Commençons par les externalités positives qui paraissent les moins évidentes quand on traite de la construction d’un barrage par un grand groupe. Ce projet est une source de développement pour le Laos et permet la construction de routes, de ponts et de nouveaux villages avec des maisons bénéficiant d’un accès à l’eau et l’électricité courante, ce qui est rarement le cas dans des villages de régions si reculées. En effet, le territoire dont il est question est très montagneux, relativement peu peuplé (Nong Khiaw compte 3 500 habitants, Muang Ngoi compte 800 habitants) et mal desservi par les routes. L’entreprise chinoise emploie également de la main d’œuvre lao qui peut bénéficier d’un transfert technologique des ingénieurs chinois. Il y a également un besoin en électricité dans la région, entre 2005 et 2015, la demande totale en électricité des pays du bassin versant du Mékong a doublé, passant de 30 GW à 67 GW (Gilard & Bardy, 2015). La construction de barrages répond donc au besoin de la population. Un barrage peut également offrir des possibilités pour développer l’irrigation, l’aquaculture et le tourisme et peut participer, dans une certaine mesure, à la prévention des inondations et des sécheresses.

Les externalités négatives sont en grande partie sociales (les populations) et environnementales (le territoire). La construction du barrage affecte directement les populations locales, étant donné qu’il s’agit ici de barrage à réservoir (à grande capacité de retenue) et nécessite donc plus de déplacements de populations que des barrages construits « au fil de l’eau ». D’après le rapport de l’ONG International Rivers de 2013 basé sur des échanges avec les populations, faute d’accès aux documents officiels chinois, les communautés ont manqué grandement d’informations concernant leurs déplacements à venir, les compensations, et les terrains qui allaient être détruits pour construire des routes ou des ponts. Notamment, d’après les critères de la Banque Mondiale, une entreprise peut prendre possession des terres suite au versement de la compensation, or ici, Power China aurait pris possession de terres avant versement de la compensation. De plus, les terres proposées en remplacement (qui servent pour cultiver le riz en majorité) ne sont pas d’aussi bonne qualité, du fait de leur non-utilisation. On assistera à une perturbation du mode de vie des habitants et à un déracinement de leurs terres traditionnelles (Kiernan, 2011).

Les impacts négatifs sont aussi environnementaux. Les barrages perturbent l’écoulement des sédiments qui se retrouvent coincés dans les réservoirs, ce qui peut avoir d’importantes conséquences écologiques et des conséquences sur la morphologie de la rivière. La diversité et la quantité de poissons risquent d’être affectées or les populations vivent en grande partie de la pêche (Shrestha et al., 2016). De plus, la qualité de l’eau va se détériorer, celle-ci sera plus polluée (augmentation du pH de l’eau avec les travaux) or les populations se servent de l’eau de la rivière dans leurs foyers (douche, linge, cuisine). La modification du mode d’écoulement naturel de la rivière peut mener à une inondation des écosystèmes en saison sèche ou à une diminution des flux pendant la saison humide. La quantité de nutriments transportés risque de diminuer or ceux-ci sont essentiels pour la fertilité des terres arables inondables (Arnaudet et al., 2013). Enfin, d’après l’ONG International Rivers la construction des barrages six et sept (cf. carte 1) inondera une grande partie du parc naturel Phou Den Din affectant l’habitat de nombreuses espèces animales (éléphants d’Asie, tigres indochinois, gibbons, cerfs,etc.).

Ces impacts sont également source de tensions. En effet, l’ONG dénonce le fait que les études environnementales des barrages n’aient pas été publiées (à l’exception de celles du barrage numéro deux) et reproche à Power China de violer ses propres politiques environnementales en planifiant d’inonder des parties du parc naturel Phou Den Din. D’autre part, la Thaïlande, le Vietnam et le Cambodge ont tous dénoncé le développement de l’hydroélectricité au Laos car cela impacte grandement le flux du Mékong qui traverse ces pays. Enfin, la suppression d’un article du New York Times datant de mai 2019 qui avait été payé par le Daily China [4] expliquant les bienfaits des projets hydroélectriques au Laos montre bien les tensions existantes. Cet article a d’ailleurs été très critiqué par l’ONG International Rivers.

Le barrage n°1 du projet sur la rivière Nam Ou : entre Pak Ou et Nan Khiaw (cf. carte) Photos, juin 2019. Deux maisons détruites (taguées en chinois) appartenant à des habitants locaux qui ont dû être relocalisés car la construction du barrage entraîne une montée des eaux (photos prises sur le même tronçon : entre Pak Ou et Nong Khiaw).

Un enjeu est défini comme ce qui peut être gagné ou perdu par les différents acteurs de ce qui est en jeu. Deux types d’enjeux ressortent ici : les enjeux régionaux et les enjeux globaux.

Les barrages sur la Nam Ou font partie du grand nombre de barrages construits au Laos par des puissances étrangères (une quarantaine aujourd’hui) comme le barrage de Ngam Num (1971) ou le barrage de Xayaburi (2012), et beaucoup d’autres barrages sont en projet. La construction de barrages s’inscrit pleinement dans la stratégie de développement régional de la Chine. La relance du Greater Mekong Subregion (démarrée sous Hu Jintao en 2004) à travers la « Coopération Lancang-Mékong » [5] en 2015 a débouché sur un nouveau programme de construction d’infrastructures et de maillage de transport qui vise à arrimer cinq pays - la Birmanie, la Thaïlande, le Laos, le Vietnam et le Cambodge - à deux régions chinoises le Yunnan et le Guangxi. Une liaison TGV Kunming-Vientiane est par exemple en construction (inauguration prévue en décembre 2021). Les infrastructures permettent de connecter les points stratégiques entre eux et transforment notre système mondial de divisions en connexions et de nations en nodes, ce projet s’inscrit donc dans un maillage d’infrastructure chinoise qui semble être au cœur de la connectographie (Khanna, 2016). Le projet sur la Nam Ou engendre aussi la construction de routes et de ponts, l’arrivée directe d’eau et d’électricité dans les foyers, pour desservir le barrage et les villages alentours. La route numéro 13 qui va de Luang Prabang à Kunming en passant par Muang Xay est en train d’être rénovée par les chinois, le premier tronçon coïncide avec la rivière Nam Ou.

Dans un rapport sur la commission du Mékong, (Gilard & Bardy, 2015) expliquent que l’offre énergétique de la région se situe au Laos (un peu au Cambodge) et que la demande se situe en Thaïlande et au Vietnam. Le Laos n’a pas les capacités de se lancer dans une telle industrie, le pays développe une économie de rente à travers un système de concession des ouvrages hydroélectriques (pour le projet Nam Ou on a bien un contrat Build-Operate-Transfer). Le fait que les chinois construisent au Laos pour les Thaïlandais montre bien la multitude des acteurs et la nécessité d’avoir une vision multiscalaire.

La rivière Nam Ou est un affluent du Mékong, ce qui explique les enjeux internationaux du projet. La stratégie chinoise de développement d’infrastructures en Asie du Sud-Est s’inscrit dans la stratégie globale de la Chine des nouvelles routes de la soie (« Belt and Road Initiative », BRI). L’objectif est de faire de l’Asie du Sud-Est un corridor de transport, permettant aux régions du sud de la Chine d’avoir accès à la mer d’Andaman et au Golfe du Bengale en contournant le détroit de Malacca. Le maillage de réseaux logistiques d’intérêts chinois en Asie du Sud-Est se compose d’une route à l’est via le Vietnam, une au centre via le Laos et une à l’ouest qui traverse la Thaïlande, la Malaisie et Singapour. Plus qu’un terrain d’essai, cette région est aussi une vitrine des ambitions chinoises qu’incarne l’immense projet de coopération des nouvelles routes de la soie (Rocher, 2020). Toutefois, cette stratégie permet de désenclaver et d’intégrer le Laos à un réseau de transport transnational qui peut être une grande source de développement intérieur pour le pays.

Le Laos est un territoire stratégique pour les puissances étrangères par sa position géographique et son potentiel hydroélectrique. Selon l’Agence Française de Développement, le Laos ne sera plus considéré comme un pays en sous-développement en 2025. L’étude de cas des sept barrages sur la rivière Nam Ou illustre bien les problématiques géopolitiques qui émergent lors de la construction de barrages qui ne cessent d’ailleurs de se multiplier au Laos. S’il faut bien mettre en avant l’individualité de la construction de ces barrages sur la Nam Ou de par le territoire et la temporalité dont il est question, il est largement possible de voir ce projet comme étant un projet chinois parmi tant d’autres. Les problématiques qui ressortent sont souvent similaires.
Ce projet est un microcosme de la stratégie chinoise en Asie du Sud-Est.

Charlotte ELLIS, avril 2021

Bibliographie

 Arnaudet, L., Arnoux, M., Derrien, A., & Schneider-Maunoury, L. (2013). Conséquences environnementales, sociales et politiques des barrages. Étude du cas du Mékong. Centre d’Enseignement et de Recherches sur l’Environnement et la Société de l’Ecole Normale Supérieure. http://www.environnement.ens.fr/IMG/Mekong.pdf
 De Freitas, G. (2017). Hydropower Investment Sees Laos Aligned with BRI Objectives | HKTDC Belt and Road Portal.
https://beltandroad.hktdc.com/en/insights/hydropower-investment-sees-laos-aligned-bri-objectives
 Dubus, A. (2015). « Le gouvernement a vendu le nord du Laos à la Chine ». Libération.fr. https://www.liberation.fr/planete/2015/10/19/le-gouvernement-a-vendu-le-nord-du-laos-a-la-chine_1403150
 Gilard, O., & Bardy, G. (2015). La Commission du Mékong face à un tournant. Quelle place pour l’aide française  ? Librairie Agence Française de Développement. https://www.afd.fr/fr/ressources/la-commission-du-mekong-face-un-tournant-quelle-place-pour-laide-francaise
 International Rivers. (s. d.). Nam Ou River. https://www.internationalrivers.org/campaigns/nam-ou
river
 International Rivers (2012). An Eyewitness report on involuntary Ressettlement Associated with Nam Ou 2 (Hat Kip) Hydroelectric Project, Lao PDR. https://www.internationalrivers.org/sites/default/files/attached-files/namou2_report.report_on_involuntary_resettlement_associated_with_nam_ou_2_hat_kip.pdf
 Khanna, P. (2016). From boarders to bridges. In Connectography  : Mapping the future of global civilization (Random House).
 Kiernan, K. (2011). Challenges for environmentally sustainable development of natural resources in the Nam Ou Karst, Northern Laos. Acta Carsologica, 40/2, 341‑355.
 Lacoste, Y. (2012). La géographie, la géopolitique et le raisonnement géographique. 3(146‑147), 14‑44.
 Lintner, B. (1994, octobre 13). Add Water  : Laos’ hydroelectric plans seem overambitious. Far Eastern Economic Review, 70.
 Philip, B. (2018, mars 7). Le fragile Laos menacé par une cinquantaine de barrages. https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/03/07/le-fragile-laos-menace-par-une cinquantaine-de-barrages_5266723_3244.html
 Rocher, S. B. D. (2020). The Belt and Road  : China’s “Community of Destiny” for Southeast Asia ? Asie. Visions, 113, 50.
 Shrestha, B., Maskey, S., Babel, M., van Griensven, A., & Uhlenbrook, S. (2016). Sediment related impacts of climate change and reservoir development in the Lower Mekong River Basin  : A case study of the Nam Ou Basin, Lao PDR. Climatic Change, 13‑27.
 Tan, D. (2011). Du communisme au néolibéralisme  : Le rôle des réseaux de l’Etat chinois dans la transformation de l’Etat au Laos (Thèse IEP de Paris, CERI, Vol. 1).
https://www.dropbox.com/s/fe6l7toxkpk33iu/Th%C3%A8se%20TAN%20vol%201%262.pdf?dl=0

Notes

[1Power Construction Corporation of China (POWER CHINA) a été fondée en 2011 à la suite de la fusion de 14 entreprises d’électricité régionale ou municipale qui étaient affiliées à Sinohydro Group Ltd, HydroChina Corporation, State Grid Corporation of China et China Southern Power Grid Co Ltd. Ce conglomérat s’appelle aujourd’hui Power China.
https://en.powerchina.cn/2019-05/23/content_16651992.htm

[2Informations disponibles sur le site de Power China : https://en.powerchina.cn//2016-07/04/content_26387923.htm

[5Site internet de la coopération Lancang-Mékong : http://www.lmcchina.org/eng/

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