Créé en 2016, le site GEOPOWEB est un lien entre la recherche et un public averti par des contributions inédites de qualité universitaire. Le site s’attache à une triple lecture souvent entremêlée : géopolitique , géoéconomique et philosophie politique, dans un monde en partie virtualisé. La philosophie et la théorie politique en constituent souvent les fondements. Ce croisement permet de rendre intelligible au moins en partie, les grands mouvements systémiques. Dans la partie essais, on consultera le tableau idéal-typique des différents champs . Aujourd’hui l’opposition n’est plus vraiment de mise entre ces deux grandes approches. Peut-être un exemple de défragmentation des savoirs....
Une mondialisation à front renversé , expression d’origine militaire...
Les années 2022/23 sont (…)
ESSAIS
GEOPOWEB, LIRE LE MONDE EN TROIS DIMENSIONS (Géopolitique, Géoéconomie, Philosophie politique). Fragmentation et mondialisation « à front renversé », politiques d’endiguement, lois extraterritoriales, guerres hybrides et économiques, stratégies d’influence informationnelle et numérique, Gigafactories et entreprises stratégiques, sécurité économique et souveraineté...
HISTOIRE D’UNE RÉSILIENCE. Recension : Japon, l’envol vers la modernité, ouvrage de P.A. Donnet
Recension par Geopoweb de l’ouvrage : « Japon, l’envol vers la modernité. Entre tradition et renouveau. Illustrations de Cabu » Pierre-Antoine Donnet . Editions de l’Aube, mars 2024
L’HISTOIRE D’UNE RÉSILIENCE
Pierre Antoine Donnet nous livre un ouvrage original, à l’évidence inclassable. Ce n’est pas « un écrit savant », pas un traité de géopolitique, pas une œuvre historique, non plus une analyse philosophique ou sociologique d’une société restée assez impénétrable pour les occidentaux. On y trouve un peu de tout cela. C’est plutôt un essai (parfois intime) sur un nouveau chemin emprunté par le Japon, que l’auteur aimerait voir aboutir pour assurer à ce pays une stabilité intérieure mais surtout extérieure. Le Japon peut-il devenir une force pacificatrice dans une zone au cœur (…)
LA RUSSIE A-T-ELLE LES MOYENS DE VAINCRE EN 2024 ? Michel FOUQUIN
Au début du millénaire, la Russie a connu un spectaculaire rétablissement grâce à l’envolée des prix des matières premières, puis une forte résilience économique en 2022, en dépit des sanctions occidentales. Michel Fouquin (1) revient sur les ambitions territoriales historiques et de puissance de la Russie. Dans la période contemporaine, le pouvoir russe inscrit « à nouveau la lutte contre l’hégémonie occidentale au centre de sa stratégie ». Le coût de la guerre, y compris humain, en passant par la situation des finances publiques et celle des comptes du commerce extérieur sont présentés par l’auteur. Si des éléments de distinction entre le court terme et le long terme sont en perspective, ils ne permettent pas aujourd’hui de trancher définitivement sur le devenir économique de ce (…)
LE POUVOIR DE LA MONNAIE AU SERVICE DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE ET SOCIALE. ENTRETIEN EXCLUSIF AVEC JÉZABEL COUPPEY-SOUBEYRAN, PIERRE DELANDRE, AUGUSTIN SERSIRON
Les évènements récents (crise financière, crise des finances publiques, rupture des chaînes d’approvisionnement, pandémie, guerre en Ukraine, manifestations de groupes d’agriculteurs…), même si bien sûr ils ne se situent pas tous au même niveau de gravité, viennent percuter les orientations environnementales de l’Union européenne. Ils traduisent au minimum que derrière les chiffres bruts, il y a toujours des hommes et des conditions humaines. Les revenus, les normes environnementales, le modèle agro-industriel avec le poids des acteurs phyto-sanitaires, semenciers, bancaires, centrales d’achats, etc. sont au cœur des revendications des agriculteurs. On retrouve au fond une opposition fondamentale entre compétitivité / rentabilité et nécessités environnementales.
Dans leur essai, « Le (…)
JACQUES DELORS, L’EUROPEEN. Par Jean-Marc SIROËN
Avec des mots simples et justes - en croisant des personnalités historiques aussi différentes que John Maynard Keynes et Margaret Thatcher - Jean-Marc Siröen (1) nous dresse le portrait d’un homme dans sa sincérité, à la fois « constructeur » de l’histoire (européenne) et bousculée par celle-ci. Le parcours de Jacques Delors est un peu inattendu : expert des relations sociales, Ministre de l’économie en 1981, Président de la Commission en 1995 et renoncement à l’élection présidentielle. Les lecteurs retrouveront les raisons de l’orientation atlantiste de la construction européenne, du primat de l’économique mais aussi le « manque d’âme » de l’Europe. Si tout ce parcours renvoie en somme à la faiblesse des démocraties et aux doutes de l’homme, on en connaît les vertus essentielles : (…)
LE GEOINT MARITIME, NOUVEL ENJEU DE CONNAISSANCE ET DE PUISSANCE. Philippe BOULANGER
Dans un monde qui se fragmente, les questions de souveraineté et d’autonomie stratégique sont de « retour ». Pour dépasser la simple déclaration d’intentions, elles doivent s’inscrire dans de multiples dimensions : un récit (voire une doctrine en construction), des pratiques (on connaît les rebondissements d’Alstom...), mais aussi (et surtout ?) dans les technologies d’avenir. Philippe Boulanger (1) nous éclaire sur le GEOINT, ce nouveau paradigme de la connaissance (on en lira ci-dessous ses déclinaisons, son exploitation à des fins d’analyse et d’aide à la décision), qui peut fournir un nouvel instrument de puissance dans un environnement où la domination informationnelle est constamment recherchée. Les rivalités internationales ont généré de nouveaux débouchés pour le GEOINT, en (…)
INTERDÉPENDANCE ASYMÉTRIQUE ET GEOECONOMICS. Risque géopolitique et politique des sanctions
Dans cet article scientifique, Jean-Pierre Allegret (1) nous dévoile plusieurs lectures de l’interdépendance. Elle s’avère principalement asymétrique et conduit à analyser les logiques de puissance dont font partie les politiques de sanctions financières et commerciales (mais pas exclusivement). L’interdépendance asymétrique conduit à une reconfiguration de l’économie mondiale. La rivalité géoéconomique devient rivalité géopolitique. Le niveau des tensions à l’échelle mondiale est évaluée par des indicateurs multiples : indice d’incertitude mondiale et commerciale, indice de risque géopolitique, nombre de sanctions internationales... Derrière les logiques d’influence et la question des sanctions, le coeur de l’article révèle la dynamique en cours, à savoir la tendance à la fusion de la (…)
LA RÉSILIENCE : UN RÉCIT PROGRESSISTE DE SUBSTITUTION FACE AUX MULTIPLES CHOCS DE LA POSTMODERNITÉ. Baptiste RAPPIN
Rappelez-vous... lorsque « la compétition n’était qu’économique... ». L’individu devait être efficace et surtout résilient, un paradigme bien connu basé sur la responsabilité individuelle, chère au néo-libéralisme. Mais depuis les derniers grands chocs (Covid19, guerre en Ukraine et au Moyen-Orient), la notion de résilience se déplace aussi vers le collectif. Sans compter que les inégalités affectent profondèment la résilience collective. On tente désormais de relier - bien-être - résilience - soutenabilité . On construit des indices de résilience nationale.
A l’évidence, le problème environnemental relève fortement de cette approche, car les humains bouleversent les grands cycles biogéochimiques du système-Terre. Le concept s’inscrit dans l’air du temps. Dans ce texte riche aux (…)
VERS DES ÉCHANGES D’ÉNERGIE « ENTRE AMIS » ? Anna CRETI et Patrice GEOFFRON
Dans ce bel article, Anna Creti et Patrice Geoffron (1) nous proposent une analyse multicritères de la transformation inédite en cours du marché mondial de l’énergie. Un marché en pleine fragmentation avec une double trajectoire : « découplage avec certains pays et de-risking ». L’urgence de la diversification est particulièrement détaillée pour l’U.E. « Le friendshoring » ne peut toutefois éviter l’émergence de nouveaux fondamentaux : désoptimisation de fait, retour des interventions majeures sur le marché, urgence et complexité des réformes (pour le pétrole, le gaz et l’électricité). Le contexte et les réformes en cours illustrent à l’envi une nouvelle phase de la mondialisation, « entre amis » : batailles industrielles et guerre économique, indétermination de la lutte contre le (…)
LA FIN DE LA SECONDE MONDIALISATION LIBÉRALE ? Michel FOUQUIN
Dans ce bel article, Michel Fouquin (1), envisage les graves conséquences des chocs majeurs depuis 2008, en les plaçant dans une double optique (géopolitique et géoéconomique). Un peu à rebours des écrits médiatiques habituels, on lira aussi en contrepoint, la relativisation des réagencements en cours : « déclin relatif de l’Occident, la dédollarisation un risque non crédible, l’interrogation sur la stagnation séculaire etc... ». Il n’en reste pas moins l’erreur originelle de la période libérale qui est de l’ordre de la croyance. « L’éternité marchande » serait propice au déclin du politique et à la fin l’histoire. La phase du cycle actuel est celle des prises de conscience qui laissent incertaines le monde de demain : retour de l’ Etat et des entreprises stratégiques, dérèglement (…)
DE LA FRAGMENTATION À L’INSTALLATION D’UN « DÉSORDRE » MONDIAL (I)
Alors que la guerre russo-ukrainienne a fait voler en éclat « l’équilibre » sécuritaire européen, les deux auteurs (1) tentent cependant de démontrer que l’idée d’un ordonnancement définitif du monde relève d’une chimère. La bipolarité du temps de la « guerre froide » a en effet laissé la place à la juxtaposition « d’ordres » mondiaux en concurrence. Dans un tel contexte, l’Union Européenne saura-t-elle affirmer sa propre voie politique et diplomatique, en s’imposant, enfin, comme un interlocuteur international à part entière ? Et au-delà, comment s’organisera le monde, dans les prochaines années, à l’aune des nouvelles divisions géopolitiques qui se font jour ? Et si notre monde, de plus en plus fragmenté et confronté à des menaces sans frontières s’installait dans un désordre durable (…)
DE LA FRAGMENTATION À L’INSTALLATION D’UN « DÉSORDRE » MONDIAL (II)
Allons-nous vers un « rideau de fer déplacé beaucoup plus à l’Est » ? Après avoir démontré que « le monde ordonné et pacifique n’existe pas », Philippe Mocellin et Philippe Mottet, s’inscrivent avec cette deuxième partie, dans une approche plus prospective en dégageant les hypertendances. Le rejet de l’ordre international occidental et le chaos multipolaire font ressurgir une question lancinante : « Huntington aurait-il finalement raison ? » Avec l’idée d’un ordre international, précisément fondé sur la défense des civilisations …. . Argumentant sur le possible devenir de notre monde à l’horizon 2040, un rapport de la CIA (publié en 2021) a tenté de répondre à ces questionnements, par la mise en évidence des défis dominants et l’ensemble des forces structurelles en mouvement.
En (…)
DÉMOCRATIE et MONDE GLOBALISÉ. À propos de la « Grande Expérience » de Yascha Mounk
Les démocraties occidentales sont de plus en plus « multi-ethniques », avec une grande diversité culturelle et éthique. En s’appuyant sur des exemples concrets (États-Unis, Brésil, Japon, Hongrie), le politologue Yascha Mounk (1) fournit une analyse en partie prospective. Dans la ligne de son best-seller « Le Peuple contre la démocratie », il pose les jalons de ce qu’il considère comme l’enjeu du XXIe siècle, le grand défi contemporain pour réussir l’intégration dans un monde globalisé. Dans son ouvrage précédent, il montrait le conflit opposant les valeurs démocratiques et le libéralisme, en identifiant d’une part les démocraties populistes qui ne sont plus libérales et d’autre part, un libéralisme antidémocratique incarné par les élites technocratiques européennes. La dynamique (…)
LE PACTE VERT, L’ AGRICULTURE ET L’ « EFFET BRUXELLES » A L’ÉPREUVE DU XXIÈME SIECLE. A. DI MAMBRO et M. RAFFRAY
« Le Pacte Vert européen est une proposition d’une portée révolutionnaire ». Il questionne à la fois les enjeux essentiels pour l’avenir de la planète et les populations (climat, santé, alimentation...), mais aussi la place de de l’Union européenne dans le concert des nations et surtout sa capacité à fabriquer des normes d’avenir. Une puissance normative historique, aujourd’hui bousculée par le désordre géopolitique (1). Les deux auteurs Angelo Di Mambro et Marine Raffray (2) posent la politique climatique comme un éventuel nouveau cadre du multilatéralisme (actuellement malmené) et même une gouvernance mondiale rénovée. L’ U.E pourrait-elle promouvoir les nouveaux standards du commerce mondial à partir du Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (MACF) ? Une marche vers la (…)
ART ET DÉNONCIATION POLITIQUE : LE CAS DE LA RDA. Elisa GOUDIN-STEINMANN
Elisa Goudin-Steinmann (1) nous propose une très belle analyse biographique sur la relation entre le politique et la création artistique dans le cadre d’une rupture géopolitique majeure. Années 90 : nous sommes dans une période de basculement géopolitique que l’auteur saisit ici par la crise de sens des artistes de l’ancienne RDA. On découvre que dans ce régime fermé, les artistes menaient une sorte de micro-résistance par des stratégies d’acteurs de refus, voire de subversion. Ils participaient à la construction d’une utopie par une conscience collective d’opposition créant un lien entre les artistes et les citoyens de la RDA. La réunification allemande signe la fin de la dénonciation par le basculement vers la société de consommation. La perte d’utopie, « remplacée par le marché et (…)
RÉINDUSTRIALISATION ET DÉCARBONATION, QUID DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE ET DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE ? Sophie BOUTILLIER
Sophie Boutillier (1) nous fournit un texte salutaire, au moment où les choses semblent « bouger » : taxe carbone européenne, dépenses allouées à l’environnement (France 2030) etc... L’auteure fait appel à l’histoire - pour tempérer un peu l’idée de rupture - régulièrement évoquée dans les textes sur la transition énergétique. Ce dernier terme a d’ailleurs lui même des origines incertaines que je vous laisse découvrir. On trouvera aussi dans cette belle analyse, une certaine analogie avec ce qu’il était hier convenu de qualifier de - processus de tertiarisation - une autre forme de linéarité (mais aussi une fausse lecture !), qui fut coûteuse en termes de souveraineté, d’emplois etc...... Le moment présent est peut-être (un début ?) de prise de conscience. Si la décarbonation va dans (…)
ET SI LE RETOUR DE L’INFLATION ÉTAIT UN ÉVÈNEMENT GÉOPOLITIQUE ? Sylvie MATELLY
L’inflation est toujours le signe de déséquilibres, mais bien loin d’être un simple sujet économique. Hier, pendant les Trente Glorieuses, elle était largement le résultat du compromis fordo-keynésien. Elle relève aujourd’hui d’une multiplicité de facteurs : bousculement des chaînes de valeur (Covid, guerre), coût de la transition énergétique etc... À partir des tensions géopolitiques, Sylvie Matelly (1) propose une véritable géopolitique de l’inflation, et plus généralement des dimensions de la puissance.
Nous connaissons une phase de basculement vers une autre mondialisation, plus tendue y compris sur le plan climatique, avec la réaffirmation de la primauté nationale. L’auteure pointe en particulier l’Inflation Reduction Act (16 août 022), le plan « anti-inflation » de Joe Biden, (…)
LES NEUTRES OPPORTUNISTES ONT EMERGÉ. Thomas Flichy de la Neuville
LE MOUVEMENT DES NON-ALIGNÉS : EVOLUTION ET FRACTURES
Le mouvement des non-alignés (MNA) culmine avec la conférence de Belgrade en 1961 sous l’impulsion de Tito, de Nasser et de Nehru. Il s’est constitué à partir des pays qui ont refusé de se ranger pendant la guerre froide derrière les deux grandes puissances. On parlait alors d’un monde bipolaire. Le MNA était à la recherche d’une 3eme voie. Depuis sa création le MNA a fonctionné entre volonté d’adaptation au contexte politique et économique et risques d’éclatement. Historiquement le mouvement a permis la jonction entre le monde afro-asiatique et le monde latino-américain. Dès l’origine, il va très vite connaître des divergences et des fractures, se modifiant profondément avec la fin de la guerre froide. A partir de 1963, le « (…)
LE GROUPE DE BLOOMSBURY ET LA GUERRE. CONVICTIONS ET CONTRADICTIONS. Par Jean-Marc SIROËN
Jean-Marc Siroën nous propose dans ce beau texte « une galerie de portraits » (avec en son centre J.M. Keynes). Nombre de ces intellectuels sont désormais des classiques. Au sein du groupe de Bloomsbury qui est en rupture avec le conservatisme victorien, il les fait vivre dans leurs interactions, leurs doutes, leurs idéaux et contradictions dans une période historique dramatique. Cette épaisseur humaine s’illustre dans les grands débats de l’époque. On lit bien sûr les éternelles interrogations sur le pacifisme, ses limites mais aussi la question des réparations. Dans le texte ci-dessous, l’essentiel n’est pas le débat purement économique (en contrepoint), mais un moment ou des personnages clefs se croisent sur un avenir incertain. Avec J.M. Siroën, nous touchons la réalité de cette (…)
LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE, AVENIR DE L’INDUSTRIE ? Par Nadine LEVRATTO
L’auteure (1) nous rappelle le long conflit des interprétations autour de la désindustrialisation française : évolution sectorielle, distinction profession et secteur, nouvelle économie, recentrage, externalisation etc.... La prise de conscience d’une véritable désindustrialisation fut tardive, malgré des faits affligeants (crise sociale et chômage, délabrement des territoires...). Il y a peu de temps encore, cette question était même considérée comme hors sujet dans certains milieux politiques et universitaires. Il aura fallu des crises majeures (Covid 19, risques militaires...) pour qu’enfin la notion de déclin industriel fasse consensus. Nadine Levratto nous explique que s’il n’y a pas pas de véritable marche arrière possible, le moment actuel peut permettre de sauter des étapes en (…)
« LA GUERRE DES PUISSANTS »
Dans cet essai, les auteurs (*) analysent en mobilisant des exemples-clefs, les stratagèmes de domination des deux grandes puissances (Chine et Etats-Unis) . On lira en particulier la question des satellites, substitut des câbles sous-marins etc... Point n’est utile de revenir sur la dimension multidimensionnelle de la puissance, il s’agit ici d’en évaluer différents outils. Les deux pays s’inscrivent dans une compétition de puissances éco-systémiques.
Bien loin de la mondialisation heureuse, la dimension conflictuelle de l’affrontement ne peut que s’accroître. « Les deux grands partenaires » semblent désormais avoir moins d’intérêts objectifs que dans la période précédente. Les promesses de libéralisation commerciale voire démocratique de la Chine versus importations low cost et (…)
« ENTRE IGNORANCE ORGANISÉE ET RÉSILIENCE, LA GESTION DE LA CATASTROPHE NUCLÉAIRE DE FUKUSHIMA PAR LA RESPONSABILISATION DES VICTIMES ». Alexandre VAUVEL
Le 11 mars 2022 : un terrible anniversaire, celui de la catastrophe de Fukushima de 2011, à la suite d’un violent tsunami. La centrale nucléaire de Fukushima est fortement endommagée et la décision est prise d’arrêter toutes les autres du pays par sécurité, dont celle d’Onagawa. En novembre 2020, l’autorisation est donnée pour son redémarrage, dans un pays pour lequel, le rapport à l’atome est tout particulier. Le Japon, unique territoire touché par l’arme nucléaire, était devenu en 2010, le 3ème plus grand parc nucléaire mondial avant de connaître une catastrophe majeure.
Il faut lire ce brillant article d’Alexandre Vauvel (1) qui ne se contente pas de rappeler les faits mais analyse en profondeur les éléments de l’ignorance du retour, « produit d’une construction sociale ». Les (…)
UKRAINE. « IL FAUDRAIT PROCÉDER À UNE REFONTE DES TRAITÉS QUI RÉGULENT LA SÉCURITE EUROPÉENNE »
Amélie Zima (1) reprend de façon détaillée l’accord OTAN/Russie de 1997. « Il y a une tendance à exagérer la place de l’OTAN dans la guerre actuelle ». Si assurément, l’alliance fait partie des griefs pour la Russie, la très grande dangerosité du moment présent relève d’une analyse systémique : principes du droit international, intégrité territoriale, souveraineté, droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, question des normes démocratiques et force d’attraction de l’Union européenne en Ukraine... « La finlandisation quant à elle ne veut donc dire ni neutralité, ni neutralisation ». L’urgence est à la reconstruction des traités sur la sécurité européenne...
(1) Amélie ZIMA est chercheuse post-doctorale au Centre Thucydide (U. Panthéon-Assas) et chercheuse associée à l’Irsem (…)
DE LA SOCIÉTÉ POST-INDUSTRIELLE À LA SOCIÉTÉ HYPER-INDUSTRIELLE. LA RÉHABILITATION DE LA SOUVERAINETÉ ÉCONOMIQUE. Par Arnaud PAUTET
On lira avec grand intérêt ce très bel article d’Arnaud Pautet (1). L’auteur combine une triple approche : historique, économique et géopolitique. « Le retour actuel du national » apparaît comme une réponse aux dérives de la société tertiaire hyper-industrielle et hyper-connectée. Voilà plusieurs décennies que « les élites pensaient » la disparition de la société industrielle, au profit d’une civilisation du savoir et du diplôme - approche poussée plus récemment jusqu’au fétichisme de la dématérialisation numérique (aveuglement ? vanité ? cynisme ?). Une autre manière de lire cette croyance était d’affirmer « une prétendue fin de l’Histoire ». Aujourd’hui ces aveuglements ne résistent pas à un constat implacable : crise et rejet de l’universalisme occidental, retour de la géopolitique (…)
NE PAS SE SOUMETTRE À L’HISTOIRE. IMPRESSIONS DE « DÉJA VU »
« Où va la France, où va l’Europe ? Il n’est pas de citoyen, dans les deux hémisphères, qui ne se pose avec angoisse cette question. Elle reste généralement sans réponse ». « Quant à la Démocratie, qui devait assurer dans le monde entier l’équilibre social et la paix extérieure, à peine avait-elle renversé les derniers trônes, qu’elle subissait la crise la plus violente ». On trouve ces phrases troublantes dans un livre de Francis Delaisi datant de 1925 : « Les contradictions du monde moderne (Payot, Paris) » . Nous sommes dans les années 20, une décade de paix certes, mais un monde à la recherche d’un nouvel équilibre, des belligérants européens affaiblis, une SDN impuissante, tout ceci dans un contexte d’agitation sociale et de malaise politique. D’aucuns y verront aussi une (…)
LA MONDIALISATION A ENGENDRÉ UNE CONFLICTUALITÉ PERMANENTE. Par Raphaël CHAUVANCY
Raphaël Chauvancy (1) nous propose une lecture réaliste des rapports internationaux : « le moteur des sociétés est la quête de la puissance », un jeu à somme nulle, très éloigné de la lecture béate de la mondialisation heureuse. « Les idéalistes ne cessent de se heurter à la réalité machiavélienne. Les rapports de force sont la mesure du monde. » L’auteur replace les grands conflits et zones de tension actuelles (Afghanistan, Syrie, Aukus etc...) dans le nouveau système stratégique mondial. La multipolarité accroît indéniablement les affrontements. On lira avec intérêt les grandes différences de culture stratégique (Chine, Etats-Unis, Russie etc...). Dans ce maelstrom, une grande interrogation demeure sur la gestion de la sécurité européenne (Comment ? Avec qui ? Quelle défense (…)
ÉTHIQUE NUMERIQUE ET POSTMODERNITÉ. Par Michel MAFFESOLI
On lira et (re) lira ci-dessous, un article inédit de Monsieur Michel Maffesoli (1), avec le recul nécessaire pour entrer dans une pensée toujours riche et très personnelle. L’auteur nous invite de façon stimulante à la compréhension d’une forme de « réenchantement » du monde, à travers les tribus contemporaines , l’esthétique... dans ce texte, plus particulièrement dans l’environnement des technologies actuelles. Il appréhende le quotidien et l’actuel dans « une démarche unissant la raison et les sens ». « Depuis quelques décennies, on assiste au retour du sentiment d’appartenance, à l’importance de l’émotionnel et des affects en général ». L’ère du vide (et du politique ?), la fin des récits, sont en quelque sorte l’aboutissement mortifère de la modernité et de la raison, tournées (…)
UNE MONDIALISATION À FRONT RENVERSÉ
L’histoire se cabre parfois de façon inattendue. Depuis les années 90, on a beaucoup parlé de désagrégation de l’espace soviétique, on peut aujourd’hui évoquer celle de « l’espace et de l’imaginaire occidental au niveau interne et externe ». Critiques désormais ouvertes de l’universalité des valeurs occidentales, retour et promotion des régimes autoritaires avec des ambitions impériales, contrôle étatique des BATX, velléités de contrôle des Gafam, promesses démocratiques en déroute avec l’explosion des inégalités, sentiment de dépossession des peuples de leur avenir. Une manière aussi de questionner l’universalité des Institutions internationales construites dans l’après-guerre, et pour le camp occidental de poser la question de la revitalisation de l’OTAN. La mondialisation, tel le (…)
LES DESSOUS GÉOPOLITIQUES DU MANAGEMENT. Par Baptiste RAPPIN
L’auteur, avec une belle mise en perspective analytique et intellectuellement stimulante, nous conduit vers les confins un peu oubliés du management. Baptiste Rappin (1) en dévoilant les postulats philosophiques des fondateurs des « sciences de l’organisation » (Taylor, Mayo etc...), nous rappelle le sens profond de leur doctrine : pacifisme et coopération, dépassant la raison d’être initiale des actions de rationalisation. La notion de puissance est absente de la théorie des organisations. F. W. Taylor rejette l’antagonisme comme moteur de l’Histoire (cf Marx). On lira avec (presque) étonnement la vision de cet ingénieur qui - s’il s’attache à la hausse des rendements - promeut un « management de proximité », les hommes allant jusqu’à se toucher dans leur tâche productive.
C’est (…)
LE COVID-19 S’ENGAGE DANS LA GUERRE MONDIALE DES VALEURS. Par J.P. Betbeze
On a presque tout dit depuis les années 90 sur la malheureuse formule de « mondialisation heureuse », posture de communication ou aveuglement. ! De la même manière, on aurait tort aujourd’hui de parler de fin de la mondialisation, qui certes prend de nouveaux tournants : pandémie, préoccupations environnementales, question de la sécurité mondiale, voire multilatéralisme fiscal... Bertrand Badie place même le social au centre du jeu international (l’inter-socialité) . Dans cette belle chronique, Jean-Paul Betbeze (1), combinant avec justesse les dimensions géopolitiques, géoéconomique et de philosophie politique (les valeurs...), place la Covid-19 au centre de l’affrontement des modèles politiques. Les régimes autoritaires affichent au moins en apparence, plus de cohérence, d’autorité (…)
LE MULTILATERALISME EN QUESTION. Par Philippe MOCELLIN
Dans ce bel article, Philippe Mocellin nous invite à dépasser la crise du multilatéralisme, déjà bien engagée avant la crise sanitaire. La pandémie est un accélérateur de l’Histoire : nouvelles puissances, nouvelles technologies, nouveaux enjeux. Le paradoxe du contexte actuel est d’une cruelle évidence : nécessité urgente d’une gouvernance et régulation collective face à un évènement majeur, mais un déficit presque total des réponses transnationales qui ne sont pas à la hauteur. L’ancien ordre mondial construit dans l’après-guerre - qui, quoiqu’on en dise partageait quelques principes, sinon quelques valeurs - est en voie de balkanisation. Ce qui est en (jeu), c’est la reconstruction d’un ordre mondial avec des systèmes de valeurs différents, avec des puissances nouvelles, des modèles (…)
« LE VRAI COUPABLE, C’EST NOUS » !
« Le vrai coupable, c’est nous » ! (1). Une autre manière d’analyser les problèmes des Etats-Unis d’aujourd’hui, que celle de Donald Trump, qui lui évoque les « vrais coupables » : la mondialisation, la technologie, les médias et maintenant les élections truquées... Le « nous » importe beaucoup. Cette phrase de J.E Stiglitz pourrait très bien s’appliquer aux enjeux énormes auxquels devra faire face Joe Biden. Il y a du positif dans le « nous » : autocritique, retour affiché du volontarisme, possibilité (théorique ?) d’inversion fondamentale des pentes dangereuses. En somme, réparer la mondialisation et la société américaine. Le « nous » définit clairement aussi la responsabilité des acteurs nationaux dans les tensions actuelles du capitalisme américain, écartant un peu rapidement le (…)
VIVE L’INCOMMUNICATION. Par Dominique WOLTON
Ce petit ouvrage de Dominique Wolton (1) porte de grands projets et de grands espoirs. C’est une analyse revigorante et optimiste. L’auteur s’appuie sur les incompréhensions, les incommunications (on en lira la définition dans les extraits) et la confrontation des égoïsmes nationaux en Europe, pour mieux comprendre cette grande aventure historique de la construction européenne. Il est urgent de rappeler que c’est un grand projet démocratique inédit, salué à juste titre tout au long de l’ouvrage. Cette construction historique ne passe par la violence des armes voire par un soft power plus ou moins sournois. Elle est basée sur la confiance anthropologique et la mémoire historique des grands conflits.
Mais l’Europe, un outil pour la paix, le progrès et la prospérité de tous, « s’est (…)
LES SENTIERS DE LA GUERRE ECONOMIQUE. Par NICOLAS MOINET
A travers un récit personnel initiatique sur les sujets qui relèvent de l’intelligence économique, Nicolas Moinet (1) nous conduit avec une nouvelle dimension sur les sentiers de l’influence (souvent invisibles). L’influence est aujourd’hui, l’une des manifestations clefs de la puissance dans le cadre de la guerre économique. Le propos engagé de l’auteur est double. « Le doux marché pacificateur » n’existe pas. La croyance dans un « level playing field » et plus généralement l’économisme de nos élites, ont appauvri notre vision nationale « en oubliant les rapports de force » dans le domaine économique. La France et l’Europe sont prises en étau entre deux hégémonies (E.U et Chine), elles doivent (re) construire une influence avec les outils appropriés. L’économie, n’est pas un champ (…)
LE RETOUR DES NATIONS... ET DE L’EUROPE ?
Le constat est désormais bien établi. Après la « mondialisation heureuse » dans laquelle disparaitraient les identités nationales pour laisser la place au marché (outil de pacification des moeurs, assorti de la démocratie libérale), voilà (re)venu le temps des nations d’où que l’on regarde : Brexit, pays européens nationalistes, montée des régimes autoritaires (Russie, Turquie, Chine etc...). Après la désagrégation de l’espace post-soviétique des années 90 (toujours en cours), d’aucuns parlent aujourd’hui de désoccidentalisation du monde... voire d’un retour des empires d’hier construit sur les identités historiques, le religieux etc... Toujours est-il que le nouveau nationalisme de repli est souvent identitaire en donnant « une clôture » à la nation (B. Badie). Ce mouvement est (…)
LES FUTURS POSSIBLES DE LA COOPERATION FRANCO-ALLEMANDE. Claire DEMESMAY
Claire Demesmay (1) propose dans cet article limpide un moment de prospective pour réfléchir sur les futurs de l’Europe dans un monde incertain, peut-être avec des bouleversements de puissances dans « un monde post-américain », voire avec de nouvelles alliances (2). On parlait autrefois de cycles d’europessimisme et d’europtimisme. Mais la marche européenne « ne va plus de soi », elle doit absolument faire un saut qualitatif (s’intégrer plus ou disparaître, « fédération ou éclatement.... (3) » . On notera que la centration, uniquement sur la question économique, accroît les risques de divergence entre les pays membres. Les eurosdistricts (espaces frontaliers de coopération) permettent d’associer au plus prés les territoires et les citoyens par la mise en commun de projets sur des (…)
GEOPOLITIQUE DE LA PROTECTION SOCIALE. Julien DAMON
On disait autrefois que la Sécurité Sociale était un stabilisateur économique (plus généralement les prélèvements obligatoires et les dépenses publiques), en l’occurrence grâce à sa capacité à atténuer les conséquences graves d’une récession en creusant les déficits. On a ensuite régulièrement résumé l’action de « la Sécu » à son fameux trou abyssal, qu’il fallait absolument réduire. La crise de 2008 et plus encore la crise sanitaire de la Covid-19 ont montré l’intérêt de cette Institution en termes de lutte contre la précarité, contre la baisse de la demande etc... Dans cet article, Julien Damon (1*) montre pourtant que le droit du travail et les prestations sociales « sont aussi des instruments de concurrence, de conflits et de puissance ».
(1) Julien Damon, professeur associé à (…)
L’ACTUALITE DE KARL POLANYI. Par Nadjib ABDELKADER
L’auteur (1) nous propose un bel article universitaire sur l’actualité de Karl Polanyi qui passionnera économistes et historiens. Au moment où, nous sommes manifestement engagés dans un nouveau cycle historique de la mondialisation et du capitalisme, il est utile (voire troublant) de réinterroger les grands concepts de K. Polanyi, grand penseur de la première mondialisation libérale. Il va bien au delà des notions bien connues d’encastrement et de désencastrement de l’économie. Karl Polanyi est un « technocritique » qui analyse le triptyque technique/liberté/régime politique. N. Abdelkader interroge ces trois piliers dans le cadre d’une mondialisation contemporaine qui est d’abord une crise de sens. K. Polanyi nous fournit une réflexion géopolitique systémique basée sur le primat de (…)
« LE MONDE D’AUJOURD’HUI ET LE MONDE D’APRES ». Extraits de JEAN FOURASTIE
Jean Fourastié, économiste humaniste et optimiste (en particulier sur le progrès technique) était aussi très conscient des limites de la science en général et de la science économique en particulier. L’avions nous oublié ? Jean Fourastié, Commissaire-Contrôleur au ministère des Finances, Professeur, grand statisticien, mais avec des conclusions frappées de bon sens. Il me pardonnera sûrement de reprendre ces savoureux (et profonds) extraits (1) dans le contexte actuel... Rien de tel qu’un petit retour sur l’histoire économique. Toutes les citations sont de l’auteur.
Que retenir de ces courts passages ? D’abord une modification assez profonde du vocabulaire en un peu plus de 70 ans (un travail pour les linguistes…), un espoir humain de renouveau dans des contextes bien différents (les (…)
VERS UNE CONCEPTION RENOUVELÉE DU BIEN COMMUN. Par F. FLAHAULT
François Flahault (1) nous propose dans cet article d’une étonnante résonance avec l’actualité (2), de revenir sur une expression souvent décriée : « le bien commun ». Intérêt général, bien commun, bien public, économie du bien commun, optimum, main invisible... Des mots et donc des approches qui ne sont ni synonymes, ni neutres... Derrière l’expression « intérêt général », on concède le primat à l’économique. Aujourd’hui, l’on réduit l’intérêt du bien public à un intérêt économique (3). On lira que l’auteur propose un dépassement grâce à trois critères permettant de définir le bien commun relationnel ou vécu (ex : la relation conviviale). La vie sociale est au coeur des relations interindividuelles. Comment ne pas le sentir et le voir dans cette période de bouleversements des (…)
« POUR TIRER LES LEÇONS DE LA CRISE, IL NOUS FAUT PRODUIRE MOINS ET MIEUX ». Par Th. SCHAUDER
Dans ce bel article, en revisitant les grandes questions de sens oubliées dans la société de consumation, l’auteur (1) nous propose avec clarté une perspective ! Qu’est ce qu’un travail essentiel ? Un travail socialement utile ? L’avions nous oublié ? L’agitation - l’hyper-compétitivité diraient certains économistes - nous a conduit à faire l’économie des grandes interrogations sur la consommation et la production sans fin, la croissance gaspilleuse, les inégalités sociales...
Les Trente glorieuses pourtant, avaient largement scellé la disparition des produits standards de faible qualité, en même temps que la fin des O.S. « Le low cost » nous y a ramené brutalement avec entre autres toutes les interrogations environnementales. S’interroger sur les fins de notre travail (de ce qui en (…)
AVEUGLEMENTS STRATEGIQUES et RESILIENCE
De façon brutale, inattendue, la pandémie mondiale de Covid-19 a un effet révélateur des vulnérabilités (à l’oeuvre depuis longtemps) d’un capitalisme mondialisé, financiarisé et dérégulé (1). Ces faiblesses se sont déjà exprimées lors de crises récentes majeures (2008) sur de multiples dimensions (climatique, sociale, territoriale, migratoire, démocratique, gouvernance mondiale....). Cette crise mondiale et systémique interroge de manière impérieuse et urgente nos modèles économiques, sociaux, environnementaux... et plus généralement la condition humaine. La crise est mondiale (ce n’est pas uniquement l’Occident face au Sud émergent), le passage au « siècle asiatique » n’est pas assuré. La Chine n’assume pas à l’heure actuelle son rôle de maturité hégémonique - loin de là ! Depuis (…)
Mondialisation, Etats, organisations, relations interpersonnelles : QUELS EXERCICES DISCURSIFS DU POUVOIR ? O. DUPONT
Nous remercions Olivier Dupont pour son beau texte inédit sur le pouvoir du langage. Le pouvoir quel qu’il soit s’appuie largement sur des formes discursives. Après avoir assis conceptuellement son approche, le propos de l’auteur s’inscrit dans des exemples parlant de notre monde. O. Dupont interroge notre « Société de l’information », forme de mondialisation favorisée par les technologies numériques. Il pose la réalité du pouvoir discursif dans ce cadre, mais sans nier tout d’abord les échelles intermédiaires.
Olivier Dupont est Maître de conférences en Sciences de l’information et de la communication à l’Université Lyon 3. Il concourt à l’épistémologie de sa discipline par des enseignements sur ses fondements théoriques et par différents travaux de recherche dont une partie porte (…)
LE CAPITALISME et ses RYTHMES, QUATRE SIECLES EN PERSPECTIVE. Par Pierre Dockès
« Le Capitalisme et ses rythmes, quatre siècles en perspective ». Par Pierre Dockès
Nous remercions Pierre Dockès et les Editions Classiques Garnier pour la confiance apportée à GeopoWeb et pour l’autorisation de publication de 2 extraits importants de l’oeuvre magistrale de Pierre Dockès. Le premier extrait (note 1, tome 1) interroge deux conceptions de « la fin de l’histoire » en fournissant une conclusion et transition habiles vers le tome 2. Le deuxième extrait (note 2, tome 2), « les ressorts sous-jacents de l’instabilité économique » (ressorts que l’on découvrira multiples dans son ouvrage (pages 1055 à 1165) introduit ici la question sociale.
Pierre Dockes, Professeur émérite à l’Université Lumière Lyon II, chercheur au laboratoire Triangle, membre du Cercle des (…)
NATION et REPUBLIQUE, ALLERS-RETOURS. Par Gil DELANNOI
Gil Delannoi, Professeur à Sc Po Paris, Directeur de recherche au Cevipof, nous propose ci-dessous une 2eme publication de ses réflexions sur la Nation, la République et la Démocratie. Il mène en particulier un travail de réflexion de longue haleine sur la rénovation démocratique autour de l’idée de tirage au sort... qui pourrait aboutir à la création d’une 3eme chambre représentant la population civile. « A la différence du vote, le tirage au sort n’additionne pas des voix mais soustrait des personnes à un groupe pour leur confier une tâche, qu’elle soit délibérative, consultative ou décisionnelle ». Nul doute que les assemblées citoyennes deviennent bientôt un enjeu mais souhaitons plutôt une démarche sociétale inclusive dans le contexte politique actuel. P.L
On lira avec intérêt : (…)
L’INDIVIDU MONDIALISE. Du local au global
L’individu mondialisé, du local au global
Ce texte a été écrit à la suite d’une conférence donnée par l’auteur à l’ESSCA-Lyon Confluence (15 janvier 2020)
Comment ne pas évoquer cette oeuvre de jeunesse d’Albert Camus : l’envers et l’endroit (1) ? « Je fus placé à mi-distance de la misère et du soleil ». L’Envers est synonyme d’angoisse face à l’étrangeté et au silence du monde, l’absence apparente de prise sur ce monde, l’Endroit symbolise la beauté, l’acceptation de ce monde incompréhensible.
Suivons Edgar Morin (2). Nous sommes à la fois mondialisés (certains sont mondiaux) et démondialisés (certains cloués dans leur localité). Il faut penser le contexte et le complexe (qui nous lie). « Le présent engage une bataille qui utilise l’incertitude ». Ainsi les hommes connaissent (…)
LE DEFI DE L’INTELLIGENCE ECONOMIQUE par N. Moinet
Nous remercions Nicolas Moinet, Professeur des Universités (1), pour son article inédit et toute la confiance apportée à GéopoWeb
Dans cet écrit, N. Moinet nous propose une approche systémique. Où l’on comprend que ce n’est pas forcément « le meilleur » qui gagne la compétition économique (Mme Thatcher, « the winner takes all »), à moins de considérer que le meilleur est stratégique. Au delà de modèles parfois éculés, la question de la collecte de l’information, de sa production, de sa direction etc ... est au coeur de la liberté stratégique. Où l’on apprend aussi que gagner, est d’abord un défi collectif (privé/public/sociétal) dans une société de réseaux. Plus que l’information, c’est l’intelligence de sa lecture qui compte, car elle fournit de nouvelles capacités : agilité, (…)
De la MONDIALISATION « heureuse » à la MONDIALISATION « chute des masques »
UNE DOUBLE DERIVE : DES CONTINENTS ET DES SOCIETES
Que ce soit la résistance des nations, la montée des tensions entre l’Iran et les Etats-Unis ou la Corée du Nord, la révolte à Hong-Kong, la guerre économique sino-américaine (terres rares, loi Huawei aussi adoptée par la France), les relations tumultueuses entre l’UE et les Etats-Unis (taxe Gafa, question du Cloud), le Ceta (normes et Cour arbitrale par exemple) ou l’accord U.E/Mercosur, la pérennité de l’U.E (quelle frontière avec l’Irlande, test d’un Brexit dur ?), la faiblesse des Institutions d’après guerre, voire la nécessité d’un nouvel esprit de Bretton-Woods.... la mondialisation est aujourd’hui « IMPREVISIBLE » et connaît une période de bouleversements majeurs, dans lesquels se définiront les nouveaux équilibres (…)
MYTHE ET REALITE DE LA SOCIETE ENTREPRENEURIALE. L’entrepreneur, « l’homme à tout faire du capitalisme » ? Par Sophie Boutillier
Nous remercions Sophie Boutillier pour son article inédit et la confiance apportée à GéopoWeb
Sophie Boutillier (1) est spécialiste de la théorie de l’entrepreneur. Dans cet article, elle nous propose de questionner, entre mythes et réalités, « les mutations de la société entrepreneuriale », en lien avec les grands moments de l’histoire du capitalisme contemporain. La perspective est analytique et met en relation les formes d’organisation macroéconomique et les agencements microéconomiques d’entreprises. Aujourd’hui, c’est la diversité des logiques entrepreneuriales qu’il faut noter. Mais en se renouvelant, le système capitaliste réinvente d’anciennes logiques. On lira avec grand intérêt le passage entre autres sur le coworking et on consultera pour des approfondissements, en (…)
Lectures GEOPOLITIQUES et GEOECONOMIQUES
Les problématiques GEOPOLITIQUES et GEOECONOMIQUES ainsi que la PHILOSOPHIE POLITIQUE donnent une certaine historicité aux formes de l’Etat. L’actualité le rappelle régulièrement : l’apparition de la géoéconomie n’a rendu en aucun cas obsolète la géopolitique qui est l’étude des rivalités de pouvoir pour les territoires et les hommes qui s’y trouvent (Yves Lacoste). Elle est aujourd’hui réévaluée (cf ci-dessous l’idéal-type des 2 champs).
Le tableau ci-dessous distingue de façon idéal-typique les deux champs (géopolitique et géoéconomique) ce qui permet de les positionner historiquement et analytiquement. Source : M.P. Lallemant GéopolitiqueGéoéconomie Y. Lacoste - « La géopolitique est l’étude des rivalités de pouvoir pour les territoires et les hommes qui s’y trouvent ». P. (…)
DEUX THEORIES DU POPULISME
Introduction Le terme de « populisme » s’est démocratisé, il fait désormais partie du langage courant et des débats publics pour la simple raison que le phénomène du « populisme » s’est répandu. Comme souvent lors de la popularisation d’un concept, tout le monde y va de ses présupposés, et on oublie parfois de se demander de quoi on parle au juste. Le populisme se prête d’autant plus à ce genre de flou sémantique que la ligne de partage entre refus et approbation n’est pas nette. Des protagonistes du populisme tels qu’Alexander Gauland de l’AfD ou Chantal Mouffe , maître à penser du populisme de gauche, s’en servent au même titre que ceux qui mettent en garde contre des mouvements politiques mettant en péril la démocratie. Or, pour les partisans et les adversaires, la démocratie n’a (…)
QUAND le SUD REINVENTE le MONDE. Par Bertrand BADIE
Dans cet ouvrage, l’auteur (1) conduit plus loin encore la mise en perspective de ses concepts habituels : inclusion, humiliation, impuissance, oligarchie des vieilles puissances, diplomatie de clubs, tectonique des plaques... et ceci dans une approche largement fonctionnelle et durkheimienne. « Le système international est une oeuvre humaine qui reproduit de façon troublante les traits les plus courants de la sociologie voire de la psychologie » (p. 5). Lorsque l’Etat et la Nation n’intègrent plus suffisamment, « la société guerrière apparait comme une forme nouvelle de socialisation, une organisation du jeu social qui ne passe plus par l’institution mais par la banalisation et la systématisation de la violence échangée » (p. 168) Ce qui est nouveau aujourd’hui, c’est un monde dominé (…)
L’ETAT-NATION N’EST NI UN BIEN NI UN MAL EN SOI". Par Gil Delannoi
M. Gil Delannoi, politologue, auteur de « La Nation contre le nationalisme » (1), est Professeur à Sciences Po Paris et Directeur de recherche au Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po). Il a accepté de répondre aux questions de GeopoWeb en deux temps. Nous l’en remercions vivement. Vous trouverez ci-dessous les premiers éléments de nos échanges qui seront suivis par une 2eme publication. P. Lallemant
1. On dit habituellement que l’Etat-nation est un mal pour les pays qui en ont hérité des colonisations européennes. N’est-ce-pas cependant la pire des solutions, à l’exception de toutes les autres ?
L’Etat-nation n’est ni mal ni bien en soi, c’est une possibilité parmi les formes politiques : tribu (tribus d’une même ethnie), cité, empire ou nation. Il n’est pas (…)
LA MONDIALISATION et LA SOUVERAINETE sont-elles CONTRADICTOIRES ?
La mondialisation et la souveraineté sont-elles contradictoires ?
Il y a un an et demi (le 20 janvier 2017) Donald Trump devenait le 45ème Président des Etats-Unis au terme d’une campagne où la question de la souveraineté du pays était au coeur du débat. Fallait-il s’isoler pour « la retrouver » ou continuer de s’ouvrir et de participer à la gouvernance mondiale pour la garder ? Cette question montre la difficulté de définir le terme de souveraineté au XXIe siècle. Est-ce une liberté totale qui permet de se protéger de l’extérieur ou une manière de déléguer certaines compétences à des Institutions supranationales afin d’être plus efficace et mieux défendre ses intérêts ? Cette question se pose d’autant plus que le monde est de plus en plus globalisé, les pays sont de plus en plus (…)
SOLIDARITE STRATEGIQUE et POLITIQUES D’ETAT. Par C. Harbulot et D. Julienne
La notion de patriotisme économique est entachée de plusieurs insuffisances. Vocabulaire politiquement sensible connoté souverainiste, en réalité employé transversalement par une grande partie de l’échiquier politique français à chaque crise profonde (cf récemment les affaires Alstom/Siemens, Chantiers de l’Atlantique/Fincantieri). Pas de consensus scientifique non plus sur ce vocabulaire, synonyme de fermeture pour les libéraux. Il y a les pays qui en parlent et ceux qui le font... Dans l’article ci-dessous, C. Harbulot et D. Julienne (1) proposent de dépasser cette formule avec la notion de solidarité stratégique. Les trois familles qu’ils identifient permettent d’ouvrir la réflexion. Dans un cadre mondialisé mouvant et fluide, ce qui nous lie dépasse de loin le territoire, le (…)
La gouvernance mondiale existe déjà… UN DIALOGUE CRITIQUE AVEC B. BADIE
La gouvernance mondiale existe déjà… UN DIALOGUE CRITIQUE AVEC B. BADIE
Le philosophe allemand E. KANT énonce en 1795 les principes d’organisation d’une société cosmopolitique basée sur les principes d’une gouvernance équitable des peuples. Il nourrit ainsi l’idéal d’un monde déterminé par le monde, résultat d’une coopération des acteurs étatiques pour la création d’un cadre de régulations commun, intangible et universel. Le terme de « gouvernance mondiale » est popularisé à la fin des années 80 comme un besoin, dans le cadre d’une économie mondialisée, de plus en plus interdépendante depuis les années 50. En effet, la fin de la Seconde Guerre mondiale a marqué un tournant : si les conflits n’ont pas de frontières, définir un cadre international autorégulateur, se (…)
LA LITTERATURE FAIT-ELLE DE LA GEOPOLITIQUE ?
La littérature fait elle de la géopolitique ?
La littérature n’ayant pas d’objet propre, elle peut parler de tout. Pourquoi pas de géopolitique ? Mais parler n’est pas faire. L’écrivain, a priori, n’a pas pour ambition de rivaliser avec le savant à qui il laisse le territoire de la rationalité pour privilégier celui de l’émotion ou de la beauté. L’autonomie du champ littéraire, revendiquée par Baudelaire et Flaubert au milieu du XIXe siècle, pourrait même faire croire que le slogan parnassien de l’art pour l’art dédouanerait l’écrivain de toute incursion dans le champ politique. Pourtant, on connaît le mot de Balzac qui prétendait rivaliser avec l’historien, voire assumer le rôle de « secrétaire de l’état civil » . Si la géopolitique a pour objectif d’analyser les (…)
PENSER LA GUERRE AVEC CLAUSEWITZ ?
PENSER LA GUERRE AVEC CLAUSEWITZ ?
Dans l’un de ses derniers ouvrages1 , René Girard faisait de l’officier prussien auteur de La guerre (Vom Kriege) une forme de visionnaire effrayé par la violence devenue sans mesure de la guerre. Clausewitz aurait entraperçu l’horreur qui menaçait les sociétés modernes, mais ce serait finalement ravisé : « Il donne tous les moyens de montrer que le monde va de plus en plus vite vers les extrêmes, et néanmoins son imagination vient à chaque fois contrecarrer et limiter ses intuitions. Clausewitz et ses commentateurs ont été freinés par leur rationalisme ; (…) »2. Pour l’anthropologue français, l’histoire du XXe siècle confirme son hypothèse que les sociétés ne sont plus capables de solder la violence de la « rivalité mimétique ». Depuis la (…)
L’expression GUERRE ECONOMIQUE est-elle satisfaisante ?
Introduction
L’idée de guerre économique perturbe et dérange. Il est vrai qu’elle fait réapparaître les horreurs de la guerre classique en réintroduisant une Institution qui devrait rester « en marge du marché libéral” : l’Etat. Ce dernier se reconstruit autour des politiques de puissance et de sécurité intérieure, de mobilisation stratégique des ressources, de construction de règles et de normes. Il également vrai que nombre de définitions de la guerre économique effraie car elles affichent une forme de réalisme économique (en particulier celles de B. Esambert et C. Harbulot). Pour ce dernier, » la guerre économique est l’expression majeure des rapports de force non militaires « . Pour F.B. Huyghe, elle tourne autour de trois étapes : guerre pour la conquête des marchés, (…)
LA GEOPOLITIQUE et ses DERIVES
Voir aussi : Géopolitique et Géoéconomie
La géopolitique est l’exemple même, par son intitulé apparemment anodin et diablement séduisant, du traitement ambigu d’une question redoutable : poser le rapport entre la politique et la géographie, entre une action et une science (ou un savoir, la géopolitique dans ses origines prétendant être une science). Les débats à ce sujet ne sont pas épuisés, mais on peut dégager un consensus considérant que l’objet de la géopolitique est double : premièrement, analyser une situation politique dans son espace (approche heuristique de découverte du monde), deuxièmement la mettre au service de quelque chose ou de quelqu’un (approche utilitariste). Mais, à partir de là, les chemins divergent sur plusieurs points, et nettement. D’une part, quels sont ou (…)
A propos d´un billet de Thomas Piketty
Dans son article „Loi travail : un effroyable gâchis“, l´économiste Thomas Piketty revient sur la fameuse loi El Khomri et en particulier sur son article 2, portant sur les accords d´entreprise. Véritable chamboulement de la hiérarchie des normes, cet article 2 a suscité de vives polémiques ; les uns y voyaient un levier de compétitivité parce qu´il permet de fixer des conditions tarifaires restant en-deça du niveau de la branche, les autres le fustigeaient parce qu´il fait voler en éclats les accords de branche et, de ce fait, les négociations équilibrées entre partenaires sociaux. Une fois n´est pas coutume, Piketty propose de réévaluer l´article 2 à l´aune du modèle économique et social allemand tant vanté pour ses succès et autant décrié à cause de sa tendance à précariser (…)
Conférence de Bertrand Badie : Les embarras de la puissance (9 février 2014)
Bertrand Badie, politologue, professeur à Sciences Po Paris, un des initiateurs du MOOC (Massive Online Open Course), auteur de multiples ouvrages et articles de géopolitique, a republié « L’impuissance de la puissance » de 2004. Dans cet ouvrage précurseur, la puissance était questionnée alors que le « territoire agonisait ». B. Badie développe l’idée d’une loi des rendements décroissants de la puissance. Historiquement elle était l’alpha et l’oméga des relations internationales (seule certitude parmi les incertitudes épistémologiques). Il y a aujourd’hui un véritable embarras de la puissance, dans une période de forte transformation par définition inachevée. B. Badie multiplie les interrogations sur la notion de puissance.
Aujourd’hui, la puissance est au mieux un mystère, une (…)
Conférence de Bertrand Badie : L’humiliation : une pathologie des relations internationales (6 novembre 2014)
Présentation
Monsieur Bertrand Badie, ce grand expert des relations internationales, Professeur à Sciences Po Paris est issu d’une double culture (franco-perse). Chercheur au CERI, ancien Directeur des Presses de Sciences Po, il anime des rubriques dans les journaux, coordonne un Atlas de la mondialisation... Président de l’IFPO et professeur invité dans de multiples Universités dans le monde, il est aussi un des initiateurs du MOOC (Massive Online Open Course). C’est toujours avec grand intérêt et plaisir que l’on « croise » B. Badie dans ses multiples écrits, ses ouvrages de recherche ou de très bonne vulgarisation, ses articles d’actualité, ses interviews mais aussi AU LYCEE DU PARC avec grande fidélité.... Dans un article de l’Obs, on proposa même de faire une (…)